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Le Dragon, Nouvelles.
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4 octobre 2007

REDEMPTION

Voila maintenant deux bonnes heures que Gustave Landru patientait dans sa voiture en scrutant au loin l’entrée d’un petit lotissement privé situé à l’entrée du village. L’hiver avait déjà envahit cette petite bourgade normande recouvrant de neige la quasi-totalité du paysage.

Gustave Landru s’employait à agiter frénétiquement ses articulations pour ne pas s’engourdir. Toutes les cinq minutes, il entrouvrait la vitre de son véhicule pour désembuer l’intérieur du pare-brise.

Il était là, transit de froid, à guetter la sortie de Bernadette Cageau qui se faisait étonnement désirer. Cette petite mamie de 72 ans révolus, était habituellement d’une précision de métronome avec son planning. Tous les jours à 8h25, elle sortait de chez elle accompagnée de Yota, son petit caniche blanc, et restait plantée pendant dix bonnes minutes devant le pas de sa porte avant de traverser….. « au cas ou un véhicule déboulerait à toute allure, disait-elle, ça me laisse le temps de le voir venir », ce qui était absurde bien sûr puisqu’il ne passait jamais personne.

8h50…. « Mais qu’est-ce qu’elle fout cette vieille peau ? » marmonnait-il. Les dents serrées, les lèvres bleues, il se demandait pourquoi il s’y était pris autant à l’avance. Mais il mettait un point d’honneur à ne surtout pas rater ce coup là. Depuis tôt ce matin, il n’avait pas arrêté une minute. Pour commencer, il avait surpris le boucher à l’ouverture de son commerce. Il était arrivé silencieusement derrière lui, et, avec une facilité déconcertante, lui avait enfoncé son couteau à cran d’arrêt dans le dos. Pour éviter que ce dernier n’ameute le voisinage, il lui avait maintenu  un chiffon trempé dans de  l’éther sur le visage, comme il l’avait vu faire dans des films. Ceci étant fait, il avait traversé la rue pour se rendre à la boulangerie d’en face.

Comme d’habitude Antoine Grosbar l’avait accueillit à bras ouvert. Après tout voilà 10 ans que Gustave Landru vivait à Bouville, forcément ça crée des liens. En guise de réponse, celui-ci lança dans la direction du boulanger une petite machette récupérée chez son ancien ami le boucher. L’arme se planta au beau milieu du torse du pauvre commerçant qui ne pu émettre un seul bruit, le souffle coupé par la brutalité de l’impact, il s’effondra au sol. Sachant que Yvonne, la femme du boulanger se trouvait certainement à l’étage dans sa chambre, il grimpa les marches de l’escalier deux par deux avant d’ouvrir brutalement la porte. Comme prévu, il y trouva sa future victime qu’il prit soin de violer avant de la découper en petits morceaux. Il n’était pas un grand habitué de la pratique, mais s’en sortit plutôt bien. Et ainsi de suite, jusqu’à environ 7h00 du matin, il s’était employé à commettre tous les crimes et larcins qu’il lui était possible.

Il se doutait bien qu’au levé du jour, les quelques habitants qui avaient survécu à sa frénésie alerteraient immédiatement les forces de l’ordre. Il ne lui restait donc que très peu de temps pour accomplir son dernier méfait.

Noyé dans ses pensées, il s’aperçu que Bernadette Cageau était devant le pas de sa porte, il ne l’avait pas vu sortir. Il savait qu’elle allait rester là quelques minutes. Souvent il lui avait proposé de l’aider à traverser la route et elle avait systématiquement refusé l’invitation avec une extrême gentillesse.

Il mis en marche sa petite berline et commença à faire vrombir le moteur de son véhicule. Au loin, Bernadette entama la descente du trottoir et avançait péniblement vers l’autre côté de la rue. Gustave Landru écrasa la pédale d’accélérateur, l’auto commença d’abord à patiner sur le verglas avant que les pneus ne finissent par accrocher le bitume. Il fonça à toute allure droit vers la vieille dame. Sans aucune hésitation, il percuta de plein fouet la mamie, qui vola dans les airs l’espace de quelques secondes, avant de retomber dans la neige. Gustave Landru freina brutalement, jeta un coup d’œil dans son rétroviseur et vis que cette gentille Bernadette bougeait encore. Il passa donc la marche arrière et roula sur sa victime qui baignait désormais dans une marre de sang.

Au loin, les sirènes de police retentissaient déjà. Non sans une grande satisfaction, Gustave Landru sortit de la voiture pour les attendre. Comme il l’avait prévu, dès de la première sommation des policiers, il dégaina sa machette et les policiers firent feu, le criblant de balles de tous côtés.

.

.

C’était la seconde fois que Gustave Landru se retrouvait devant le grand portail rouge vif de l’entrée des enfers. Son dernier passage datait seulement de la veille, il venait de se faire refuser l’entrée du Paradis car il n’avait pas eu assez de point de «  bonne conduite » et avait été envoyé ici. Les diablotins à l’entrée lui avaient expliqué que pour accéder à la luxure des enfers, il devait se racheter une mauvaise conduite sur terre et gagner un nombre de points équivalent à ceux qu’il avait recueillit pour aller au Paradis, sinon, c’était le purgatoire. En somme une rédemption inversée dont le mal était son seul salut !

« Alors, voyons voir un peu ton dossier….. », le diablotin feuilletait un épais bouquin noir ou était inscrit  sur la face avant « Gustave Landru » en caractères de feu.

«  Dis donc, t’as pas mal cartonné toi, pourtant t’étais assez mal barré hier ?

-         Mmmmh merci.

-         Mais dis moi Gustave la ptite vieille n’était pas sur la liste ? T’as cru pouvoir te payer un p’tit supplément, mais ça te rapportera rien de plus, elle était prévu pour la semaine prochaine de toutes façons !

-         C’était personnel !

-         Ok, pour moi c’est bon, tu peux rentrer. »

Gustave Landru pénétra à l’intérieur de l’enceinte, comme de rigueur dans certaines prisons, un badaud s’avança en lui demandant :

« - Alors, t’as raté le Paradis de combien ?

-         Il me manquait ½ point !

-         ½ point ?? Ouah les boules, tu faisais traverser la route à une p’tite vieille et t’étais bon !

-         Ouais, ouais, je sais, c’est ce que m’a dit St Pierre quand il m’a refusé l’entrée ! »

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Commentaires
R
Tite Chlotte> Mici bcp. ;)
T
Alors la, je suis scotchée ^^! Je m'attendais pas à ça xD! Bien ouèj ;)! Rien à dire ^^...
R
Merci Esméralda, je suis pas un grand "écriveur" mais en général je mise tout sur la chute. Ca a un style ( en tout cas c'est le mien). En tout cas bienvenue dans ma grotte VIP. ;)
E
et ben dis donc, j'ai pas eu le temps de tout lire, mais je suis déjà accrochée au style... je laisse un com sur celle-ci qui m'a vraiment plu et dont la fin m'a vraiment surprise!!! bravo, et chic, j'ai de la lecture pour ce soir....
R
Merci ma moitié, sans contestation la mieux aboutie pour l'instant je pense.
Le Dragon, Nouvelles.
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